Il s’agit majoritairement d’une traduction de cette page de Giving What We Can, avec des ajouts, modifications, et adaptations au contexte français.

 

En ce moment même, des milliers d'armes thermonucléaires sont en état d'alerte, prêtes à être lancées en quelques minutes. Si elles sont utilisées, elles pourraient tuer des dizaines, voire des centaines de millions de personnes par le feu et les radiations. Pire encore, ces armes risquent de provoquer un hiver nucléaire, bloquant la lumière du soleil pendant des années et pouvant tuer des milliards d'autres personnes par la suite.

Quel est le problème ?

En 2023, on compte sur la planète plus de 12 000 armes nucléaires, possédées par 9 États (États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Israël, Pakistan, Corée du Nord). À plusieurs reprises, elles ont failli être utilisées, que ce soit accidentellement ou délibérément. Heureusement, la fin de la guerre froide a entraîné d'importantes réductions des arsenaux, mais des risques subsistent. Les relations entre les États-Unis et la Russie et entre les États-Unis et la Chine sont devenues de plus en plus tendues au cours de la dernière décennie, tandis que les relations entre l'Inde et le Pakistan et entre l'Inde et la Chine restent tendues.

Ainsi, une étude a estimé que le risque d’une guerre nucléaire entre la Russie et les Etats-Unis était de 0,9 % chaque année pendant la guerre froide, bien qu’avec une grande incertitude (l'intervalle de confiance à 90% était que cette probabilité se situait entre 0.02% et... 7%). Cumulé sur 40 ans, cela représente 36% de chances d’un scénario tragique - plus d’une chance sur trois. 

L’évolution de l’état du monde, en particulier récemment, pourrait augmenter ce risque. Comme l'a souligné le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, en août 2022, le monde est entré dans "une période de danger nucléaire sans précédent depuis l'apogée de la guerre froide". Le Bulletin of the Atomic Scientists a avancé son “horloge de la fin du monde” à 90 secondes avant minuit. Ils avancent une série de tendances : la modernisation des arsenaux nucléaires dans la totalité des États dotés d’armes nucléaires, le programme balistique chinois, les tensions entre les États-Unis, la Russie et la Chine, la non-résolution de la crise iranienne, l’expansion du programme balistique nord-coréen et bien sûr la guerre en Ukraine.

La réduction des risques de guerre nucléaire est-elle négligée ?

Il est difficile d'évaluer à quel point ce sujet est négligé. Les puissances nucléaires ont tout intérêt à garder le contrôle de leurs capacités nucléaires et à les protéger - on peut supposer qu'elles consacrent à ces questions une fraction des dizaines de milliards de dollars qu'elles dépensent pour leurs forces nucléaires (les Etats-Unis, ayant le plus large budget, prévoient de dépenser autour de 60 milliards de dollars pendant la décennie à venir). Les militaires, en particulier, sont souvent confrontés à des incitations perverses qui les poussent à protéger et à développer leurs capacités nucléaires - mais aussi à surestimer leur capacité de contrôle et à cacher les cas de perte de ce contrôle (voir également la façon dont les intérêts des grandes entreprises ont joué un rôle comme abordé dans cette interview de 80,000 Hours).

En 2018, les organisations philanthropiques privées ont dépensé environ 81 millions de dollars pour la sécurité nucléaire. Sur ce montant, 36 millions de dollars ont été financés par la Fondation MacArthur, mais celle-ci a récemment annoncé qu'elle mettrait fin à ses subventions sur le sujet après 2023. Le financement sera probablement beaucoup moins important à l'avenir.

Il convient également de noter qu'une grande partie des fonds alloués est consacrée à la lutte contre le terrorisme nucléaire et à la prévention de la prolifération vers d’autres États, plutôt qu'à la réduction des risques d'une guerre nucléaire de grande ampleur, ce qui fait que les risques les plus graves sont les plus négligés. De nombreux financements sont également accordés à des think tanks qui souffrent de conflits d'intérêt, et dont les travaux doivent alors être compris en tenant compte du risque de manque d’objectivité.

Infobulle sur la Nuclear Threat Initiative

Est-il possible de réduire les risques de guerre nucléaire ?

La plupart des efforts visant à réduire le risque de guerre nucléaire nécessiteraient d'influencer les décisions des grandes puissances nucléaires, qui sont fortement contraintes par des considérations nationales et géopolitiques. Il semble de plus particulièrement difficile d’influencer les décisions de pays non démocratiques comme la Russie et la Chine. En outre, l'environnement géopolitique peut fluctuer considérablement au fil du temps.

Par exemple, une série d'accords entre les États-Unis et la Russie dans les années 1980 et 90 a conduit à des réductions massives de la taille des arsenaux. Dans les années 2010, cependant, les relations se sont détériorées et les accords passés ont été répudiés, notamment en raison de la présidence de Donald Trump, puis de l'agression russe en Ukraine. En particulier, les États-Unis se sont officiellement retirés du traité INF en 2019 et du traité Open Skies en 2020.

Il est difficile de déterminer à quel point les ONG auront un grand pouvoir d'influence sur le sujet. Historiquement, il semble que ces organisations aient conduit à une certaine réduction de ces risques, par exemple dans la mise en place du nouveau traité START et du JCPOA.

Comment contribuer à réduire ces risques ?

Comme nous l'avons déjà indiqué, pour réduire les risques de guerre nucléaire, il paraît nécessaire d’arriver à influencer les politiques des principales puissances nucléaires et des autres Etats qui hébergent les armes. Il existe de nombreuses politiques spécifiques qui peuvent être préconisées, mais elles sont parfois controversées. Néanmoins, voici quelques objectifs plausibles :

  • Réduire la taille des arsenaux.
  • Supprimer certaines armes déstabilisantes, ou empêcher leur mise en service, telles que les missiles de croisière à tête nucléaire.
  • S'engager à ne pas utiliser les armes en premier.
  • S'engager à ne pas cibler les réseaux de communication, les villes ou les centrales nucléaires.
  • Empêcher la prolifération des armes ou des matières nucléaires vers d'autres pays.
  • Réduire les stocks de matières fissiles.
  • Améliorer les relations entre les puissances nucléaires et faciliter la désescalade en cas de tensions.

Il est difficile de savoir quels sont les meilleurs objectifs, ou même si la poursuite d'un objectif donné est bonne dans l'ensemble. Par exemple, il peut sembler évident que la réduction des arsenaux nucléaires est une bonne chose : moins il y a d'armes nucléaires dans le monde, moins il y en a qui peuvent être lancées en cas de guerre nucléaire. Cependant,  une réduction trop forte de la taille des arsenaux pourrait possiblement augmenter les risques de guerre, précisément parce que la gravité d'une guerre aurait diminué. De même, si les efforts de réduction des arsenaux sont principalement effectués aux États-Unis et non en Chine ou en Russie, cela pourrait renforcer et enhardir les régimes autoritaires. Le but de cet exemple n'est pas de suggérer que la réduction des arsenaux nucléaires est un mauvais objectif, mais de souligner que la poursuite d'objectifs, même apparemment bons, peut avoir des conséquences difficiles à prévoir.

Pour atteindre l'un ou l'autre de ces objectifs, il est possible de cibler un pays spécifique, ou chercher à favoriser les accords entre pays. Les moyens mobilisés pour atteindre ces objectifs pourraient inclure la recherche, le lobbying politique, la sensibilisation du public ou la diplomatie parallèle.

Une autre approche consiste à s'efforcer de réduire les effets des guerres nucléaires les plus graves. Par exemple, nous pourrions améliorer la résilience de la société face aux chocs alimentaires massifs (tels que ceux provoqués par l'hiver nucléaire) en investissant dans la recherche et le développement de sources alimentaires alternatives.

Nous avons pu échanger avec Benoît Pelopidas, expert français et un des rares chercheurs indépendants sur le sujet. Ses recommandations sur ce que nous pouvons faire, explicitées dans cette vidéo, sont les suivantes : 

  • Nous ne pouvons pas choisir de ne pas être affectés par les politiques nucléaires. Même si la catastrophe nucléaire n’advient pas de notre vivant, nous sommes déjà affectés en tant que cibles des arsenaux nucléaires des ennemis potentiels, et en contribuant au financement des arsenaux. Le choix que nous avons, c’est entre être actif et passif sur ce risque existentiel.
  • Éviter un mode de pensée binaire entre l’existant et un monde idéal. La question n’est pas de savoir quel est le monde parfait que nous voulons atteindre (qui serait démotivant car trop lointain), mais d’imaginer des mondes intermédiaires que nous pouvons atteindre.
  • Demander à ses représentants politiques de clarifier leur position face à l’arme nucléaire
  • Aller au-delà de notre tendance à imaginer que le changement est impossible, car le discours de l’inévitabilité favorise le statu quo. Les plus grands changements dans l’histoire nucléaire n’étaient pas prévus, comme la fin du bloc de l’Est ou le désarmement de l’Afrique du Sud. Les batailles qui valent la peine d’être menées semblent toujours impossibles à gagner. Pourtant, nous avons démantelé entre 1986 et 1996 bien plus d’armes nucléaires que ce qu’il reste aujourd’hui sur la planète.
  • Penser les futurs possibles en intégrant la menace nucléaire ainsi que les autres menaces existentielles. Par exemple, le GIEC fait des projections à 2100, mais n’intègre pas la question du rôle que ces armes peuvent jouer dans des conflits climatiques.

Naturellement, le choix des actions à mener dépend aussi des moyens et des compétences de chacun.

Rendre le conflit imaginable

Benoît Pelopidas a également souligné plusieurs problèmes qui génèrent des points de blocage considérables dans la prise en compte de ce sujet - liés au fait que nous avons du mal à croire à la possibilité d’un conflit nucléaire. Ces problèmes sont:

  • L’illusion du contrôle parfait. Nous avons l’impression que tout est sous contrôle, et que, à moins qu’un acteur malveillant souhaite les utiliser, il y a peu de risques. Cependant, par le passé, de nombreux incidents ont failli mener à un conflit, et ce de manière purement accidentelle, comme vu dans les exemples ci-dessus. Des explosions nucléaires non désirées ont plusieurs fois été évitées par chance, fait reconnu par des acteurs politiques et militaires américains, soviétiques et britanniques de premier plan, qui avaient pourtant intérêt à affirmer le contraire .
  • L’impossibilité à imaginer le conflit. Même les personnes travaillant tous les jours sur le sujet ou les politiciens prenant les décisions n’arrivent pas à se figurer l’ampleur de la destruction causée par une guerre nucléaire. Le problème semble très abstrait, difficilement palpable.
  • Les artistes ont ici un rôle important à jouer : "la fiction et la culture populaire nous ont aidés - nous citoyens, mais aussi les élites politiques - à dépasser cette incrédulité (…) et arriver à croire que la catastrophe nucléaire est possible". Le film Le Jour d’après, par exemple, a influencé le président des Etats-Unis et a joué un rôle dans la signature de traités de non-prolifération dans les années 80. Cet article de recherche détaille l’importance des œuvres de fiction dans la prise en compte du problème (et pourquoi les films récents comme Mission Impossible ne permettent pas une bonne prise en compte).
  • Le manque de recherche indépendante. La majorité de la production de discours dans les think tanks les plus influents à échelle mondiale sur le sujet souffre de conflits d’intérêts. Elle est financée à un certain degré par des donateurs publics et privés impliqués dans la défense d’une politique basée sur les armes nucléaires. La recherche indépendante, en revanche, a pu faire de nouvelles découvertes sur le rôle de la chance dans l’évitement d’explosions nucléaires non désirées, la sous-estimation des conséquences sanitaires et environnementales des essais nucléaires et de nombreux autres aspects, et semble cruciale pour fournir des sources d’information correctes. Aider à diffuser les résultats de la recherche indépendante est également un moyen d’action.

Y a-t-il des raisons de ne pas prioriser cette cause ?

Même si ce problème est important, certaines personnes peuvent préférer se concentrer sur d’autres problèmes, pour les raisons suivantes:

D’autres risques peuvent sembler avoir de plus grandes chances de se produire

Un échange nucléaire entre deux grandes puissances serait sans aucun doute désastreux pour les deux pays, qui sont donc incités à éviter une telle catastrophe - même si certains incidents ont été évités de justesse. Certaines personnes estiment donc qu’il vaut mieux travailler sur d’autres domaines ou la technologie est moins mature, et où il y a plus de chances que des risques nouveaux et inattendus émergent. Par exemple, la biotechnologie ou l'intelligence artificielle évoluent rapidement, et les risques sont moins bien compris. 

D’autres problèmes peuvent sembler plus faciles à résoudre

Il est extrêmement difficile d'influencer la politique des grandes puissances nucléaires, et la faisabilité de ces approches varie considérablement en fonction de l'évolution du paysage géopolitique. En outre, même s'il y a des réductions majeures des risques, il serait difficile de mesurer la contribution des associations. Il est moins certain que le don soit la manière la plus impactante d’agir, comparé à d’autres causes.

Organisations prometteuses sur ce sujet

Giving What We Can recommande de faire un don au Nuclear Weapons Policy Funds (Fonds pour améliorer les Politiques en matières d’Armes Nucléaires), qui soutient plusieurs associations travaillant sur ce sujet, et allouant les fonds selon les besoins du moment. Le Fonds est géré par Longview Philanthropy, un évaluateur international travaillant sur la réduction des risques catastrophiques. Il recommande des organisations dédiées à la réduction de la menace nucléaire par le biais de la diplomatie, de la recherche, de la sensibilisation et du plaidoyer. 

Organisations en France

En France, nous avons recherché les organisations travaillant sur le sujet, mais ce ne sont principalement pas des associations, et plutôt des institutions politiques, des laboratoires, des groupes de recherche, ou des acteurs du domaine militaire. 

Il y a deux associations qui travaillent pour le désarmement nucléaire. Nous n’avons pas pu évaluer leur impact, notamment en raison du fait que leur travail est compliqué par le fait que le contexte français est anormalement verrouillé. Il s’agit de:

  • ICAN France, relais national de la Campagne Internationale pour Abolir les Armes Nucléaires (ICAN), qui a réussi à obtenir la signature d’un traité en 2017. Leur campagne vise à mobiliser les citoyens pour faire pression sur leurs gouvernements afin de commencer des négociations sur un traité d’interdiction des armes nucléaires. Plusieurs villes françaises se sont déjà engagées, comme Lyon ou Paris.
  • Initiative pour le Désarmement Nucléaire, think tank français qui informe les citoyens sur les dangers des armes nucléaires, élabore des propositions sur le processus de désarmement, et participe à des campagnes internationales sur le sujet.

Travailler dans ce domaine d’action

En comparaison avec d’autres causes sur lesquelles nous avons écrit (pauvreté, souffrances animales…), pour contribuer à réduire les risques de guerre nucléaire, le bénévolat, le militantisme, les dons paraissent moins prometteurs que de vous y consacrer professionnellement.

La France semble avoir un rôle important dans ce domaine, disposant d’une rare influence politique et de laboratoires ayant des capacités techniques et un savoir-faire particulièrement avancés. On peut noter par exemple les points suivants :

  • La France dispose d’une rare influence politique sur le reste du monde, relativement à la plupart des autres pays. Elle est bien informée grâce à la qualité de son armée et de son renseignement, ainsi qu'à ses territoires dans toutes les régions du monde et ses zones d’influence privilégiées historiques, et prend des décisions en relative autonomie (comparée, par exemple, au Royaume-Uni, Israël, etc.). La France siège en permanence au conseil de sécurité de l’ONU, est active dans les institutions mondiales (OCDE), et possède des capacités reconnues et sollicitées partout dans le monde (CEA, industriels leaders).
  • L’armée dispose d’un arsenal nucléaire qu’il faut gérer, moderniser, et pour lequel il est nécessaire d’édifier une doctrine d’emploi.
  • Grâce à son importante activité nucléaire civile et à son relatif non-alignement sur les autres puissances, les institutions et entreprises de la France ont développé beaucoup d’expertise en propre. Les laboratoires français disposent de capacités techniques et d’un savoir-faire quasi uniques, avec des liens forts entre les laboratoires publics (CNRS, CEA) et les industriels.

Si vous êtes intéressé·e par une carrière dans ce domaine, vous pouvez envisager de travailler dans la recherche sur les politiques de non-prolifération, la diplomatie internationale, la sensibilisation du public ou la technologie de détection et de prévention nucléaire.

La filière nucléaire française constitue un enjeu stratégique et commercial important, elle est donc soutenue politiquement et par des financements (R&D, maintien des compétences...) et présente des opportunités d’emploi. Un certain nombre de départs à la retraite ont eu lieu dans les années 2000 et ont réduit l’expertise française dans l’ingénierie nucléaire ; il existe donc un besoin de reconstituer les compétences par des jeunes ingénieur·es. L'image de la filière nucléaire est dégradée en France depuis une dizaine d'années. C’est une opportunité pour s’y engager : étant moins attractive, la filière est également moins compétitive.

La plupart des opportunités semblent résider dans le travail au sein des institutions militaires ou de politique étrangère, ou dans la recherche au sein d’organismes faisant des propositions sur le sujet. Certaines approches moins conventionnelles pourraient consister à travailler de manière indépendante pour améliorer les relations entre les membres des puissances nucléaires, ou à essayer d'améliorer la résilience de notre approvisionnement alimentaire en cas d'effondrement grave de l'agriculture. Les artistes, par exemple, peuvent contribuer à rendre la guerre nucléaire plus facile à imaginer. Il existe également de nombreux sujets de recherche pertinents, notamment sur le rôle de la chance dans l’évitement des risques nucléaires. N’hésitez pas à vous tourner vers l’équipe de Nuclear Knowledges à Sciences Po pour discuter de sujets de recherche ou d’autres projets susceptibles de diminuer les risques de guerre nucléaire.

Nous vous recommandons de consulter les ressources de l’association 80 000 Hours qui offre des conseils de carrière, y compris sur la lutte contre les risques de guerre nucléaire, pour voir comment contribuer à ce domaine. Ils répertorient également des offres d'emploi sur cette page.

En savoir plus

Si vous souhaitez vous impliquer dans ce sujet, n’hésitez pas à nous contacter - nous pouvons vous rediriger vers différents experts, ou donner plus de détails sur les propositions ci-dessus. 

Ressources francophones :

Ressources anglophones :

Du côté des livres (en anglais), ceux qui suivent sont pertinents sur le sujet, même s’ils parlent plutôt des dynamiques passées plutôt que des tendances actuelles : The Doomsday Machine (Daniel Ellsberg), Command and Control (Eric Schlosser), The Dead Hand (David Hoffman), The Making of the Atomic Bomb (Richard Rhodes).

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Cette page reprend des passages traduits du site web de Giving What We Can, rédigés par Michael Townsend.