Donner efficacement

Pour beaucoup d’entre nous, donner est un excellent moyen d’avoir un impact important. Mais il peut être difficile de décider quelles ONGs soutenir, or les meilleures d’entre elles sont parfois des centaines de fois plus efficaces que la moyenne, il est donc crucial de bien se renseigner avant de donner si on veut être le plus utile possible.

À quel point est-ce utile de donner ? Peut-on faire confiance aux associations ? Comment identifier les meilleures opportunités ? Nous vous disons tout ici !

Quel impact peut-on avoir par nos dons ?

Il est possible de mesurer l’impact des ONGs

Divers instituts ont été fondés au cours des 15 dernières années, dans l'objectif de mesurer l'impact de nombreuses ONGs et de recommander les plus performantes. En suivant une approche scientifique et en se basant sur des données concrètes, ils identifient les ONGs qui fonctionnent particulièrement bien et qui méritent d'être soutenues. L’idée ici n’est pas de vérifier si elles respectent certains labels de qualité, mais de savoir dans quelle mesure chaque euro supplémentaire qu’on leur donne peut avoir un effet positif à long terme. Les critères utilisés sont par exemple :

      - Combien de vies peuvent être sauvées ?
      - Quelle quantité de souffrance peut être évitée ?
      - Quelle quantité d'émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère peut être évitée ?

Cette approche permet d’identifier des ONGs qui peuvent avoir un fort impact par quantité de ressources donnée. C’est dans ce sens là qu’on les qualifie “d’efficaces”.

De grandes différences d’impact entre les ONGs

Dans l’un de ses essais, le chercheur Toby Ord décrit le nombre d'années de vie en bonne santé (mesuré en DALYs) qu’on peut potentiellement sauver en donnant 1000 dollars pour différentes interventions visant à réduire la propagation du VIH et du SIDA. On estime que la meilleure stratégie, l'éducation des populations à haut risque, est 1400 fois plus efficace que la pire. (Il est possible que ces estimations soient inexactes ou qu'elles ne tiennent pas compte de tous les effets pertinents, mais il y a quand même probablement de grandes différences d’impact entre les interventions).

Comment trouver les meilleures opportunités de dons ?

Pour donner efficacement, comme pour choisir une carrière à fort impact, on peut commencer par se demander : quelles causes ai-je envie de soutenir ? Choisir les causes auxquelles allouer nos ressources constitue une étape primordiale dans notre stratégie de dons. C’est ce qui nous permet de faire un premier tri parmi la multitude d’options envisageables.

Les causes prioritaires

Dans l’état actuel de nos connaissances, trois causes semblent particulièrement prometteuses : la pauvreté et la santé dans le monde, la souffrance des animaux d’élevage, et les risques catastrophiques globaux. Il est important de souligner que les causes mises en avant ici ne sont pas les seules qui puissent être jugées prioritaires. Parmi les causes qui ont suscité l’intérêt d’organisations de l’altruisme efficace, on peut citer aussi la santé mentale, la réforme du système carcéral américain, l’amélioration des méthodes de prise de décision individuelles et politiques, ou encore le soutien à la recherche dans des domaines à fort impact.

La santé dans les pays pauvres

Dans les pays les plus pauvres, le PIB par habitant est 100 fois plus faible qu'en France, Allemagne ou Suisse. Des problèmes de base tels que la malnutrition, les vers parasites ou les maladies tropicales comme le paludisme font souffrir et tuent des millions de personnes chaque année. Il faut beaucoup moins d'argent pour sauver ou améliorer la vie de nombreuses personnes dans ces pays que dans les pays riches. L’organisme de recherche GiveWell estime par exemple que les organisations les plus efficaces au monde n'ont besoin que d'environ 3000 dollars pour sauver la vie d'un enfant.

Le bien-être animal

Le bien-être animal, et en particulier la réduction de la souffrance des animaux d’élevage est une autre cause majeure, à la fois de grande ampleur, avec un fort potentiel d’amélioration, et largement négligée. On estime qu’environ 80 milliards d’animaux terrestres sont élevés et abattus chaque année, et la plupart ont des conditions de vie très mauvaises. Du côté des poissons, on estime qu’ils sont chaque année jusqu’à 2000 milliards à être tués suite à des activités de pêche ou d’élevage, eux aussi dans des conditions inhumaines.

Les risques catastrophiques globaux et la protection du futur de l'humanité

Une mauvaise utilisation de certaines technologies pourrait causer des quantités de souffrance considérables, voire de compromettre l’avenir de l’humanité. Parmi les principaux risques, on peut citer : pandémie artificielle mondiale, réchauffement climatique extrême, guerre nucléaire, ou encore les risques liés aux intelligences artificielles avancées. Bien qu’il soit souvent très difficile d’estimer la probabilité qu’ils se réalisent ou d’identifier les actions qui pourraient réduire ces risques au mieux, l’ampleur même des catastrophes, ainsi que leur caractère négligé, en font un problème lui aussi considéré comme prioritaire.

ONGs recommandées

Une fois les causes identifiées, il reste à déterminer les organisations caritatives qui seraient en mesure d’avoir le maximum d’impact si elles recevaient des ressources supplémentaires. Pour nous aider à choisir, des organisations se sont donné pour mission d'évaluer des ONGs et de recommander chaque année celles qu'elles considèrent les plus efficaces.

Voici une liste d’organisations souvent recommandées au sein de la communauté de l’altruisme efficace. Elles ont été retenues pour leur potentiel d'impact particulièrement élevé par des évaluateurs tels que GiveWell, Animal Charity Evaluators, et Founders Pledge. Nous les avons regroupées par cause (santé et pauvreté, souffrance animale, et risques catastrophiques globaux).

Santé et pauvreté

Les interventions liées à la santé et à la pauvreté sont celles pour lesquelles nous disposons des données les plus fiables. Cette liste d'organisations s’appuie sur les études de GiveWell, qui réalise un travail d’évaluation faisant aujourd’hui référence.

Le paludisme a tué plus de 400 000 personnes en 2016, principalement en Afrique sub-saharienne. AMF facilite la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide pour protéger les familles la nuit, lorsque les moustiques sont les plus actifs. Les distributions à grande échelle sont suivies de près pour garantir que les moustiquaires atteignent les bénéficiaires et soient utilisées correctement. La volonté de l’organisation de s’appuyer sur des preuves solides de l’efficacité de l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide pour réduire les cas de paludisme et la mortalité infantile est l’une des raisons principales pour lesquelles AMF est fortement recommandée par GiveWell.

Fiscalité : les dons sont déductibles pour les résidents fiscaux français (voir le site d’AMF).

Par un programme de chimioprévention du paludisme, Malaria Consortium participe à réduire considérablement les cas de paludisme dans les pays les plus affectés. Dans le cadre de ce programme sont distribués des médicaments antipaludiques préventifs aux enfants de 3 à 59 mois afin de prévenir les maladies et les décès pendant la haute saison de transmission du paludisme. Selon l’évaluation de GiveWell, l’équivalent de 4 mois pour une personne ou de 4 personnes pour un mois de SMC (programme de chimioprévention) coûte 5,74 € et permet de réduire substantiellement le risque de contracter le paludisme. Voir la page de GiveWell dédiée au Malaria Consortium.

Helen Keller International (HKI) soutient des programmes axés sur la réduction de la sous-nutrition et la prévention de la cécité, totale ou partielle. L’un de leurs programmes les plus prometteurs est la complémentation en vitamine A en Afrique subsaharienne. HKI fournit une assistance technique, s’engage dans la sensibilisation sur la nutrition et contribue au financement des programmes gouvernementaux de complémentation en vitamine A. GiveWell estime que fournir un supplément de vitamine A à une personne dans le cadre des programmes financés par HKI coûte 1,04 €. Des données solides provenant de nombreux essais contrôlés randomisés suggèrent enfin que la complémentation en vitamine A peut être un bon moyen pour réduire considérablement la mortalité infantile.

Pour plus d’informations, voir la page de GiveWell dédiée à HKI.

New Incentives gère un programme de transferts conditionnels en espèces (TCE) dans le nord-ouest du Nigeria, qui vise à accroître le recours aux vaccinations de routine par des transferts en espèces, à sensibiliser le public aux avantages de la vaccination et à réduire la fréquence des ruptures de stock de vaccins.

Pour plus d’informations, voir la page de GiveWell.

Souffrance animale

Nos recommandations d’organisations visant à réduire la souffrance animale s’appuient sur les évaluations d’Animal Charity Evaluators. La plupart de celles-ci visent à réduire le nombre d’animaux d’élevage, ou à améliorer leurs conditions de vie.

Faunalytics est une organisation basée aux États-Unis qui s’efforce de mettre en relation les défenseurs des animaux avec des informations pertinentes pour leur action. Cela implique principalement de cоnduire et de publier des études indépendantes, de travailler directement avec des organisations partenaires sur divers projets de recherche, et de présenter les données et les travaux de recherches et existants aux défenseurs de la cause animale par le biais de leur site Web.

Voir la page de ACE dédiée à Faunalytics.

The Humane League vise en premier lieu à convaincre les entreprises et les particuliers d’adopter des comportements qui permettent de réduire la souffrance des animaux d’élevage. Par leurs campagnes, ils encouragent les acteurs et actrices de l’industrie agroalimentaire à changer leurs pratiques d’élevage, et militent auprès du public par le biais de différentes actions médiatiques.

Voir la page de ACE dédiée à The Human League.

Wild Animal Initiative s’emploie à renforcer le mouvement de défense des animaux en créant un domaine universitaire consacré au bien-être des animaux sauvages. Ils compilent des revues de littérature, rédigent des articles théoriques et d’opinion, et publient les résultats de leurs recherches sur leur site web et/ou dans des revues à comité de lecture. WAI s’attache à identifier et à partager les pistes de recherche possibles et à établir des liens avec des domaines plus établis.

Pour plus d’informations, voir la page de ACE dédiée à Wild Animal Initiative.

Risques catastrophiques globaux

De par la nature incertaine du travail dans ce domaine, il est difficile d’obtenir des procédures d’évaluation fiables des organisations œuvrant à la réduction de ces risques. Nous proposons cependant une liste d’organisations dont le travail nous semble particulièrement pertinent dans ce domaine, en nous appuyant sur ce rapport de l’organisation Founders Pledge, qui s’inscrit dans la démarche de l’altruisme efficace.

Le Center for Health Security (CHS) est un groupe de réflexion affilié à l’université Johns Hopkins travaillant sur les problèmes de santé liés aux pandémies et autres risques de grande catastrophe sanitaire. Le CHS contribue à la recherche en biosécurité et formule des recommandations de politique sanitaire auprès des gouvernements.

Le Centre for the Governance of AI vise à définir et à cartographier le domaine de la gouvernance de l'IA et à aborder les questions de recherche les plus importantes et les plus négligées. Il offre des bourses et des prix qui soutiennent les chercheur·euses prometteur·euses qui sont en début de carrière et travaillent sur la gouvernance de l'IA.

Le Center for human-compatible AI (CHAI) est un groupe de réflexion de l’université de Californie à Berkeley qui mène des recherches techniques et des actions de plaidoyer concernant la sécurité des systèmes d’intelligence artificielle. Il contribue en particulier à la reconnaissance de cette thématique en tant que discipline académique à part entière.