Nous avons besoin d’un environnement sain pour survivre, avec l’accès à un air propre, une eau non polluée, et un climat stable. Malheureusement, ces éléments vitaux sont assaillis par une multitude de menaces. Un nombre croissant d’entre nous aspirent à agir pour préserver notre monde, mais il est facile de se sentir démuni·e ou perdu·e face à l'envergure et la complexité des enjeux. Pourtant, un certain nombre d’actions à fort impact existent et peuvent faire une vraie différence. Quelles actions pouvons-nous mener à notre échelle pour faire face à ces défis ? 

Pourquoi est-ce important ?

L’humanité et les autres espèces dépendent de la bonne stabilité des écosystèmes planétaires. Lorsqu’on évoque l’environnement, le réchauffement climatique est souvent ce qui nous vient à l’esprit en premier. Pourtant, aussi essentiel soit-il, il ne s’agit que d’un aspect des défis auxquels nous faisons face. Des chercheurs du Stockholm Resilience Centre ont ainsi introduit le concept de “limites planétaires”   ?  Les limites planétaires sont un concept utile, mais qui méritent quelques nuances. L'article suivant en expose quelques unes, notamment le fait que parler de "frontières planétaires" pourrait être plus indiqué : https://bonpote.com/la-6e-limite-planetaire-est-franchie-le-cycle-de-leau-douce/ De plus, chaque limite planétaire représente un flux physique quantifiable à respecter, mais elles présentent des risques bien différents, et sont plus ou moins faciles à résoudre. Par exemple, l'indicateur "Introduction d'entités nouvelles dans la biosphère" est largement dépassé, mais cela a un impact limité pour l'instant. En revanche, si l'acidification de l'océan était au même niveau de dépassement, nous serions probablement morts. qui vise à évaluer les seuils critiques que le système Terre peut absorber face aux pressions humaines, sans compromettre les conditions de vie de notre espèce (et des autres).

Voici une liste (loin d’être exhaustive) des impact négatifs possibles sur nos sociétés :

Climat

Si les tendances actuelles se maintiennent, les concentrations de CO2 et les températures mondiales seront, d'ici la fin du siècle, plus élevées qu'elles ne l'ont été depuis des dizaines de millions d'années. Un tel réchauffement n’a jamais eu lieu aussi rapidement, donc ses conséquences sont difficiles à prévoir, mais plus la recherche progresse, plus la rapidité et les impacts d’un tel réchauffement semblent pires que prévu.

Le changement climatique a déjà entraîné une élévation du niveau des mers qui menace les îles et les villes côtières, et a entraîné une augmentation des événements météorologiques extrêmes. Des villes comme Le Havre, Caen ou Bordeaux sont à risque de voir leurs zones inondables s’étendre d'ici 2050.

En juin 2021, des températures atteignant 49,6°C ont été observées au Canada. En France, d’ici 2030, les températures connues lors des canicules de 2003 et 2022 seront considérées comme typiques d’un été “normal”.

Le réchauffement climatique pourrait compromettre l’accès à des ressources de base comme l’eau, en mettant en péril la sécurité alimentaire de nombreux pays, mettant des centaines de millions de personnes à risque. Certaines régions du monde pourraient devenir invivables à cause de la chaleur, et les migrations de masse pourraient augmenter les tensions. Pour plus d'informations sur ces risques, consultez ce rapport et le site Climate Impact Lab.

Biodiversité

L'activité humaine a également conduit à une perte de biodiversité alarmante : le taux actuel d’extinction est 1000 fois supérieur à la moyenne, et pourrait être encore plus rapide que lors de la disparition des dinosaures il y a 65 millions d’années. En France, un tiers des oiseaux de campagne ont disparu en 15 ans. D’après l'assureur Swiss Re, près de 55 % du PIB mondial dépend de la biodiversité (eau et air propre, bois, sols fertiles, pollinisation, protection des côtes…), alors qu'un pays sur cinq risque un effondrement de ses écosystèmes. 

Les plus grandes menaces pour la biodiversité sont le changement d’usage des sols pour l'agriculture, l’exploitation directe (notamment la pêche qui est la première menace pour la biodiversité marine), le changement climatique, la pollution et les espèces invasives.

Par ailleurs, la destruction du milieu de vie des animaux sauvages est non seulement un facteur majeur de leur disparition, mais aussi un facteur de pandémies, et est responsable de plus de 30 % des nouvelles maladies apparues depuis 1960. En effet, lorsque l’habitat des animaux est détruit, ceux-ci sont forcés d’aller vers des zones habitées par des humains… apportant bien malgré eux leurs virus qui se transmettent à l’homme.

Ressources (métaux, énergie…)

Notre civilisation industrielle est très dépendante d'une énergie abondante et bon marché, dont 85 % est aujourd’hui d’origine fossile (pétrole, charbon, gaz). Il y a de bonnes raisons de penser que les fossiles commenceront à décliner dans la ou les décennies qui viennent (l’Arabie Saoudite a par exemple annoncé que son pic de production sera atteint pour 2027). Les alternatives renouvelables s’améliorent, et leur coût pour la production d’électricité a beaucoup baissé, mais il n’est pas certain qu’elles remplacent les fossiles assez rapidement, notamment pour les camions, l’industrie lourde et les fertilisants. La question de la disponibilité des métaux nécessaires pour une transition se pose, et peut être ici un frein majeur. Surtout, une forte diminution de l’énergie disponible a de fortes chances de s’accompagner d’un fort déclin économique. Pour en savoir plus, consultez cet article en anglais écrit par un de nos membres (résumé dans cette conférence en français). 

Eau

Du côté des ressources en eau, d’importantes limites ont également été franchies : “L’eau est la circulation sanguine de la biosphère. Mais nous sommes en train de modifier profondément le cycle de l’eau. Cela affectera la santé de la planète entière et la rendra beaucoup moins résistante aux chocs”. La quantité d’eau douce prélevable a chuté de 35 % depuis 1970, en raison de la déplétion des nappes phréatiques et la destruction des zones humides. Le facteur majeur de cette surextraction est l’agriculture (notamment pour les produits animaux, comme indiqué plus bas).

Pollutions

D’autres pollutions existent que celles des gaz à effet de serre, et de nombreux composés chimiques sont à présent dans l’environnement.

Impact combiné de ces différents facteurs

Enfin, ces facteurs conjoints risquent de mener à une augmentation des autres risques catastrophiques mondiaux, en raison d’une instabilité politique accrue due aux migrations de masse et à la compétition croissante pour certaines ressources (voir aussi cet article). On compte déjà 2500 conflits armés en cours dans le monde pour les combustibles fossiles, l'eau, la nourriture et la terre. Les tensions liées à la raréfaction de l’eau pourraient par exemple contribuer à une augmentation des tensions entre États, avec toutes les conséquences potentiellement dramatiques que cela pourrait impliquer (l’Inde et le Pakistan notamment ont tous deux l’arme nucléaire).

Que pouvez-vous faire pour lutter contre ces problèmes ?

La protection de l’environnement est une question essentielle, mais extrêmement complexe. Nous avons échangé avec des expert·es du domaine pour identifier les actions les plus impactantes à réaliser sur ce sujet. Un consensus s’est dégagé sur un point : il est très difficile d'identifier les organisations et interventions ayant le plus grand impact

Les problèmes environnementaux sont par nature de grande échelle (nationale ou mondiale), et causés par le fonctionnement même de nos sociétés. Ils requièrent donc une transformation de nos modes de vie, notamment via le changement des politiques publiques. Cela complexifie grandement l’évaluation de ce qui fonctionne ou non. De plus, beaucoup d'approches existent, et les missions sont difficilement comparables, étant donné qu'elles opèrent sur des domaines d'action distincts, et des échelles temporelles et territoriales différentes. Beaucoup du travail des associations est inquantifiable.

Enfin, les problèmes sont interconnectés, ce qui fait que résoudre un problème, comme celui du climat, peut déplacer l'impact ailleurs (ressources, biodiversité, eau, résilience...). Aucune approche unique ne semble suffisante pour répondre à tous ces défis simultanément. Il s’agit d’un problème systémique. Pourtant, très peu d’organisations s'attaquent à cette échelle-là. 

Notre intention initiale était de réaliser une cartographie permettant de déterminer avec certitude les organisations les plus efficaces sur l’environnement. Pour les raisons ci-dessus, un tel projet ne nous semble plus possible.

Malgré ces défis, nous continuons nos recherches, et mettrons à jour notre site avec de nouvelles informations au fur et à mesure. En effet, en dépit de ces incertitudes, nous avons pu identifier des stratégies négligées mais prometteuses. L’approche qui suit sera nécessairement incomplète, et ne permettra pas d’agir sur tous les plans à la fois. Néanmoins, nous avons de fortes raisons de penser que les interventions présentées ci-dessous ont un impact bien plus important que la moyenne.

Pour cela, trois critères ont été particulièrement importants : l’impact, le potentiel d'amélioration, et le caractère négligé. Détaillons cela :

1/ S’attaquer à un problème de grande ampleur

Il est essentiel de garder à l’esprit les bons ordres de grandeur et de s’attaquer aux plus grands problèmes. Par exemple, lorsqu’on pense aux écogestes, ce qui vient souvent à l’esprit est le recyclage, manger local ou changer ses ampoules. Pour savoir si ce sont réellement les leviers les plus prometteurs, le cabinet Carbone4 a comparé des actions individuelles en fonction de leur impact pour réduire son empreinte carbone (données indicatives sur une année) :

Ce graphique exclut l’achat d’une voiture électrique et l’isolation d’un logement, qui nécessitent un investissement plus important. Il faut aussi garder que les données ci-dessus sont des moyennes, ce qui gomme certaines disparités (un français sur trois n'a jamais pris l'avion, alors que d'autres le prennent régulièrement). Il est aussi à noter que, à part pour la mobilité au quotidien qui n’est pas forcément accessible à tout le monde (difficile de faire du vélo si le travail est à 20km), ces options sont souvent moins coûteuses. La viande, l’avion et les vêtements neufs sont souvent onéreux. A noter également que certains suggèrent qu'avoir un enfant en moins peut avoir un impact considérable par rapport à d’autres actions - même si le sujet est sensible et que c'est une décision très personnelle.

L’impact démesuré du régime végétarien s’explique par le fait que la viande est la première cause de déforestation dans le monde, à 40 %, loin devant l’huile de palme (voir plus bas). En ce qui concerne la déforestation provoquée par la consommation française, une grande quantité de soja pousse sur les parcelles déforestées, et est envoyée en Europe pour nourrir nos animaux (le soja pour l’alimentation humaine, lui, provient souvent d’Europe). 

En revanche, on peut noter que manger local et être zéro déchet ont un impact limité sur la question climatique, même s’ils peuvent être positifs sur d’autres aspects (l’impact du bio est quant à lui plus mitigé : selon l'indicateur et l'aliment considéré, il peut être meilleur ou moins avantageux que le conventionnel). En effet, les émissions de carbone dues au transport des aliments et à l’emballage sont très faibles.

Dans l’espace public, il y a donc une asymétrie entre les écogestes les plus connus et les plus efficaces. Une étude menée en Allemagne a ainsi étudié les personnes qui se considéraient comme éco-responsables… et a observé qu’en général, elles n’avaient pas une empreinte écologique plus faible que la moyenne !

En fait, elles souhaitent agir de manière responsable, mais les solutions proposées sont souvent des gestes à faible impact (ampoules, sac cabas, recyclage…), et pèsent peu face à des facteurs comme la taille du logement, le nombre d’appareils ménagers, la consommation de viande, les vols en avion, etc. Consommer mieux est possible mais demande beaucoup de recherches et offre peu de garanties. Le premier déterminant de l’impact environnemental, d’après l’étude, est… la richesse. En effet, plus on a de moyens, plus on peut consommer.

2/ Se concentrer sur les progrès les plus atteignables

Le deuxième facteur est le potentiel d’amélioration : choisir des actions où l’on peut raisonnablement envisager de faire beaucoup de progrès. Par exemple, il semble que changer les comportements individuels soit un levier très difficile à activer. Le rapport Carbone4 précédemment cité souligne donc qu’une grande partie de notre impact est déterminée par notre environnement technique, social et politique, qui a plus de chances d’être changé en intervenant au niveau collectif.

Pour cela, il est important de s’intéresser à la question suivante : pourquoi avons-nous tant de mal à résoudre le problème environnemental ?

3/ S’attaquer à un problème négligé

Il y a plus de chances de changer les choses en s’attaquant à un problème où peu d’autres acteurs sont engagés. Par exemple, les interventions de reforestation sont relativement bien financées (au moins 5 milliards de $ à travers plusieurs fondations), et ce à travers différents angles d’approches (protection du territoire des peuples indigènes, création d’aires protégées, agroforesterie…). De même, la production d'électricité décarbonée et la mobilité électrique reçoivent beaucoup d'attention. En comparaison, des sujets tels que l'industrie lourde, le transport lourd (camions, porte-conteneurs) ou l'agriculture sont plus négligés.

Quelles sont les interventions les plus prometteuses pour l’environnement ?

En suivant ces critères, nous pouvons identifier des interventions qui pourraient avoir un fort impact. Pour les raisons ci-dessus, nous ne présenterons pas en détail les nombreuses actions individuelles possibles, mais nous mettrons l’accent sur une recommandation souvent sous-estimée : le don à des organisations à impact.

Quels résultats peut-on en attendre ? Si l’on regarde le climat, il apparaît que les organisations les plus efficaces permettent d’éviter de l’ordre d’une tonne de CO2 pour moins de 10 $ (voire bien moins). A titre de comparaison, le captage du CO2 dans l’air coûte environ 1250€ par tonne d’émissions évitées. Voici ce qu’un tel don peut donner face aux éco-gestes les plus courants.

Impact carbone des gestes individuels les plus efficaces (en tonnes d’équivalent CO2) comparés à l’impact d’un don aux associations évitant une tonne de CO2 pour moins de 10$. Un Français émet ~10 tonnes par an (attention c’est une moyenne). Source : Founders Pledge.

On voit ainsi que l’impact potentiel d’un don généreux (aux associations les plus efficaces, attention) peut être bien plus important que la plupart des écogestes. Cette estimation a été produite en regardant les succès passés de ces associations, et les émissions qu'elles ont pu éviter, rapportées au budget alloué. Un tel chiffre doit évidemment être pris avec des pincettes, et toute méthodologie d’un tel calcul a de fortes limites, au vu de la complexité de la mesure - voir ici le rapport qui explicite le raisonnement (par exemple, le calcul pour “Avoir un enfant en moins” diffère des autres études). On peut aussi estimer que les actions individuelles ont un impact comparativement plus "certain" - elles ont donc un rôle à jouer.

Même si elle a ses limites, cette estimation permet néanmoins de saisir les ordres de grandeur. De plus, les estimations médianes des évaluateurs incluent les barres d’incertitude et sont souvent à moins de 10$ par tonne.

Une telle différence peut paraître surprenante, mais elle s’explique par le fait que ces associations agissent à un niveau collectif. En tant qu’individu, il est généralement difficile d’influencer le système politique et économique sur lequel repose la durabilité future. Peu d’entre nous ont le réseau ou les compétences nécessaires pour influencer les législateurs ou entreprises. En revanche, soutenir (financièrement ou en offrant du temps bénévolement) celles et ceux qui ont ces compétences et ce réseau peut permettre d’obtenir des changements plus importants. Contrairement à la compensation carbone, cela permet de faire évoluer les structures qui sont en cause.

Cependant, toutes les associations n’arrivent pas à un tel résultat, loin de là. Comment les identifier ? Pour cela, nous nous sommes appuyés sur le travail de Giving Green, un évaluateur qui a mené des recherches approfondies pour évaluer les interventions et organisations prometteuses. Ils ont analysé de nombreuses stratégies, s’appuyant sur les solutions du projet Drawdown, des études de faisabilité et des échanges avec des experts (voir leur approche). Une limite de leur approche est qu’ils se concentrent uniquement sur le climat (c‘est en effet là qu’il y a le plus de données), mais la troisième recommandation permet d’aborder plusieurs limites planétaires simultanément. 

Ils ont retenu trois pistes, pour lesquelles nous mentionnerons leurs recommandations, et sur lesquelles nous avons tenté d’identifier des organisations françaises. Nos ressources d'investigation étant limitées, nos analyses sont très significativement moins poussées que celles des évaluateurs dont nous nous sommes inspirés. Nous n'avons pas pu procéder à une évaluation complète permettant de garantir un coût-efficacité de 10€ par tonne de CO2 évitée. En revanche, les dons à ces associations présentent l'avantage d'être déductibles des impôts en France, ce qui vous permet alors de donner environ trois fois plus.

Il est également important de noter que nous avons privilégié des organisations sous-financées qui ont généralement moins de visibilité - vous retrouverez donc ici peu de grands noms de l’associatif (voir notre approche).

1/ Plaidoyer pour changer les politiques publiques

Le but est d’instaurer des lois pour qu’elles prennent mieux en compte l’environnement. Cela peut s’opérer en sensibilisant l’opinion publique à grande échelle, ou en établissant un dialogue avec des décideurs ou des législateurs.

Giving Green recommande le Clean Air Task Force (CATF) et le Evergreen Collaborative, qui font du plaidoyer politique, et ont joué un rôle clé dans l’adoption de l’Inflation Reduction Act aux USA. CATF est également actif au niveau européen, dont en France.

En France, le Lobby Climatique Citoyen plaide pour la mise en place d’une tarification du carbone ambitieuse couplée à un revenu climatique national. Cette initiative est largement soutenue dans le milieu académique et est déjà implémentée au Canada, en Suisse et en Autriche. Plusieurs études indiquent que cela aurait un impact positif sur la réduction des émissions de GES, sur l’économie, l’emploi et la santé publique. Ils cherchent également des bénévoles. Sur un autre sujet, Reclaim Finance milite pour la fin du financement du charbon par les grands groupes.

2/ Amélioration technologique

Cela consiste à soutenir la recherche pour la décarbonation de l’industrie lourde ou de l’énergie. L’industrie lourde, incluant notamment la production de ciment et d’acier, est responsable d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre, ce qui en fait un levier d’action crucial. Giving Green recommande sur ce sujet Industrious Labs, qui fait du plaidoyer pour obtenir des engagements d’entreprises sur la question, ainsi que des régulations et un soutien public à la recherche.

Un autre angle d’approche est la décarbonation de l’énergie, notamment via les petits réacteurs modulaires (SMR). Le Good Energy Collective cherche à faire avancer le soutien public à la recherche dans ce domaine. Cette approche permet aussi de lutter contre la pollution de l'air. Certains débats subsistent cependant sur l'efficacité de la décarbonation de l’énergie, car les nouvelles sources d'énergie décarbonées peuvent s'ajouter à la consommation d'énergie totale, sans pour autant remplacer les énergies fossiles, comme c’est le cas ces dernières années. Cette approche est donc à compléter par une action politique visant à réduire la consommation.

3/ Réduction de la consommation de produits animaux

Il s’agit d'un des leviers les plus importants, et son impact va au-delà du climat. En effet, comme indiqué ci-dessous, la consommation de viande est la première cause de déforestation et de perte de biodiversité. Un rapport de l'Institute of Physics affirmait en 2015 que l'élevage était responsable de 78 % de la perte de biodiversité terrestre européenne. 

Il s’agit également de la première source de pollution de l’eau, d’une source importante de souffrance animale, et d’un facteur majeur de pandémies. En France, l’Ademe recommande une réduction de 30 à 70% de la consommation de viande et produits animaux pour tenir les objectifs climatiques, mais les mesures légales actuelles sont insuffisantes à cet égard.

Les organisations qui visent à réduire la consommation de viande ont donc un impact particulièrement positif sur l’environnement. Elles sont mentionnées dans cette page.

Plus particulièrement, Giving Green recommande notamment The Good Food Institute, qui soutient la recherche pour les protéines alternatives. En effet, il est important de rendre les alternatives à la viande accessibles, abordables et bonnes gustativement. Ces alternatives émettent jusqu'à 90% de gaz à effet de serre en moins et sont de plus en plus acceptées, en témoigne le fait que des chaines de fast-food comme Burger King proposent un burger veggie par défaut sur leur menu.

En France, l’action d’Assiettes Végétales pour la végétalisation des cantines permet d’éviter des millions de tonnes de CO2. Ils sensibilisent les décideurs et décideuses et forment les professionnel·les pour proposer des plats attrayants visuellement, gustativement et nutritionnellement aux élèves. Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du GIEC jusqu'en 2023, a ainsi soutenu leur action. Vous pouvez retrouver leur étude d'impact ici, dont l'estimation basse indique qu'ils peuvent éviter une tonne de CO2 pour 55€, soit environ 18€ après déduction fiscale - sans compter les bénéfices sur la biodiversité et la déforestation.

Ces deux associations sont toutes deux labellisées 1% For The Planet, un réseau rassemblant des entreprises qui s'engagent à donner 1% de leur chiffre d'affaires pour l'environnement.

En complément, nous menons des recherches sur d’autres approches, comme la résilience face au déclin des énergies fossiles. Toutefois, à l’heure actuelle, nous ne proposons pas encore de recommandations spécifiques, même si des organisations comme le Shift Project ont grandement fait avancer la prise en compte de cette problématique au niveau public. Pour cette raison, cette page porte sur l’atténuation des problèmes environnementaux, pas l’adaptation ou la résilience. Un des membres de notre association a rédigé une série d’articles en anglais sur l’importance de ce problème, et a donné une conférence sur notre chaîne.

Comme précédemment mentionné, les conclusions présentées ici reposent sur les données que nous avions à disposition, et ne sont certainement pas exhaustives. La complexité du sujet implique que ce contenu évoluera au fur et à mesure de nos recherches. Nous vous invitons à consulter les sources que nous référençons. Si vous constatez une erreur, ou si vous avez des suggestions d’amélioration, n’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires.

Y a-t-il des raisons de ne pas prioriser cette cause ?

Certaines personnes décident de ne pas prioriser le sujet, pour les raisons suivantes :

Le sujet est complexe 

Comme nous l’avons vu, le sujet est très complexe, avec beaucoup d’interconnexions entre les différents éléments. Compte tenu du temps nécessaire pour observer des résultats concrets, et de la difficulté à renverser certains rapports de force actuels, certains estiment que leurs ressources seraient mieux utilisées dans d’autres causes, avec des solutions mieux comprises.

D’autres sujets peuvent vous paraître plus négligés

De plus en plus de personnes considèrent que ce sujet est majeur et agissent sur la question, agit au niveau environnemental, ce qui fait que l’enjeu environnemental est bien moins négligé que d'autres questions que nous traitons, bien que les efforts actuels restent insuffisants. Par exemple, les dépenses liées au climat dépassent probablement les 640 milliards de dollars par an. Cette vaste quantité de ressources investies signifie qu’il est plus difficile de trouver des opportunités à fort impact qui n’ont pas déjà été explorées, même s’il est probable que certains domaines spécifiques ne reçoivent pas autant d'attention qu'ils le devraient.

Certains redirigent donc leurs efforts vers des domaines bien moins financés, et qui peuvent présenter un risque de catastrophe encore plus grave (pouvant aller jusqu’à l’extinction), comme la lutte contre les risques catastrophiques globaux (risques de pandémie, guerre nucléaire, développement d'IA dangereuses, etc.).

Travailler dans ce domaine d’action

Travailler dans le secteur environnemental peut prendre diverses formes en fonction de vos compétences et intérêts. Avec une formation en sciences ou en ingénierie, vous pouvez envisager de travailler sur le développement de technologies propres ou la recherche climatique. Si le volet politique vous attire davantage, une carrière dans le plaidoyer ou le droit environnemental pourrait vous convenir. Bien d’autres options sont envisageables. Par exemple, travailler sur les protéines alternatives peut être prometteur.

Plusieurs ressources peuvent vous guider, comme le guide des carrières à impact d’Effective Environmentalism. La page de 80,000 Hours offre également des conseils de carrière, notamment sur le changement climatique

Dans tous les cas, l’importance est de mettre l'accent sur l'identification des leviers qui peuvent avoir l'impact le plus significatif à long terme. Étant donné la diversité des sujets, il existe de très nombreux angles d’approche, et en choisir un particulièrement impactant peut faire une grande différence.

En savoir plus

Ressources anglophones :

Ressources francophones utiles :

  • Les rapports du GIEC couvrent le consensus scientifique sur le changement climatique. En voici un résumé par le média Bon Pote, qui fait de la vulgarisation sur ces sujets.
  • Pour une vision d’ensemble des problèmes environnementaux, ainsi que la raison pour laquelle la plupart des tentatives de solution échouent, la conférence Les Grands Défis de notre Temps d’Arthur Keller offre une vision systémique et est particulièrement enrichissante
  • Le podcast Sismique réunit des experts qui abordent l’essentiel des problèmes environnementaux. Les épisodes avec Nate Hagens et Richard Heinberg offrent une large vue d’ensemble.
  • Le Réveilleur réalise des vidéos de vulgarisation sur l’énergie et le climat
  • La chaîne Youtube Ecologie Rationnelle s’intéresse également à la question de l’écologie efficace.
  • L’association Apala fait des infographies en français, notamment sur les impacts de l'alimentation.
  • Les livres Pétrole, Le Déclin est Proche de Matthieu Auzanneau, et Le Monde Change et on n’y Comprend Rien, de Julien Devaureix
  • Pour une plus grande liste d'actions au niveau individuel, un bon travail de compilation a été fait par Ma Petite Planète, sous la forme d’un jeu coopératif qui donne un cadre particulièrement motivant dans lequel se lancer avec des proches

Vos commentaires

Aidez-nous à améliorer notre travail – si vous avez des suggestions, contactez Florent via Slack ou envoyez-nous un email.

Cette page reprend des extraits du livre Agir pour un Monde Durable, de Pascale Fressoz et Corentin Biteau, avec permission des auteurs (éditions Jouvence). D’autres extraits de ce livre, notamment des pistes d’action et des méthodes pratiques sur le thème “comment trouver d’autres sources de bien-être si le consumérisme ne s’avère pas durable”, sont disponibles sur ce lien.

💡 Si vous êtes intéressé·e et souhaitez en savoir plus sur les moyens de protéger l’environnement, consultez notre programme “Écologie efficace” !